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 L'histoire du béton armé à Bruxelles

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Sous-sections :

1 65 Basilique de Koekelberg (Basilique du Sacré-Cœur)
  10 Église Saint-Augustin (Place de l'Altitude Cent)
  18 Musée Kanal (Place de l'Yser n°7, Garage Citroën Allée Verte, Kanal-Centre Pompidou)
  11 Cinéma Métropole (Rue Neuve n°30, Le Palais du Cinéma)
  12 Cinéma UGC De Brouckère (Cinéma Américain (ancien nom), Cinéma Eldorado (ancien nom), Cinéma des Princes (ancien nom), Place De Brouckère n°36)

Classement de la section:

Encyclopédie >  L'histoire du béton armé à Bruxelles

Description (historique/actualité/....) :

L'usage des structures métalliques se développe dans un contexte très différent et répond moins à des choix esthétiques qu'à une sévère logique économique. Tout au long de l'entre-deux-guerres, les grands programmes architecturaux sont marqués par une concurrence exacerbée entre l'ossature en acier et celle en béton armé dont les revues architecturales comparent régulièrement les qualités et les défauts respectifs.

La structure métallique offre l'avantage d'une incomparable rapidité d'exécution (une grande partie du travail est réalisé non plus sur le chantier mais à l'usine même), d'un encombrement moindre et d'une grande légèreté qui diminue l'importance des fondations. Elle permet en outre un contrôle plus rigoureux de la qualité du matériau et du soin de sa mise en œuvre.
Ses partisans mettent également en avant la simplicité et la précision des calculs de résistance ainsi que la souplesse avec laquelle les poutres métalliques se prêtent aux travaux de transformation ou d'agrandissement.

Le béton armé peut se prévaloir d'un entretien plus aisé mais surtout d'un coût moindre et d'une résistance particulièrement remarquable à l'incendie.
Dans la plupart des réalisations, le type de structure n'aura qu'une influence limitée sur l'esthétique du bâtiment. Son choix repose essentiellement sur des critères économiques et de gestion de chantiers.

Pour la réalisation du Palais des Beaux-Arts (1922-1928), Victor Horta avait ainsi décidé d'utiliser le béton armé pour la moitié du bâtiment consacrée à la section Beaux-Arts et une ossature métallique pour la salle de concert, de manière à assurer l'avancement du chantier en dépit des grèves qui se développaient régulièrement dans l'un ou l'autre secteur de la construction. A la demande de l'entrepreneur, l'ensemble du bâtiment sera finalement réalisé en béton armé.

Malgré le prestige des gratte-ciel américains et des réalisations allemandes, les édifices à ossature métallique restent fortement minoritaires.
Le célèbre 'Torengebouw' à Anvers (1928-1931), dont la structure en acier de 28 étages s'élève en moins de cent jours et sera considérée au moment de son inauguration comme le plus haut bâtiment d'Europe, ne semble avoir eu qu'un impact limité sur la production bruxelloise.

Bruxelles.

Parmi les premiers grands ensembles d'appartements, on trouve le groupe de trois immeubles de huit étages réalisés par l'architecte Marc Spinnael à l'angle du boulevard Louis Schmidt et de l'avenue Le Marinel n°158 à Etterbeek (1932). La charpente métallique, entièrement soudée, comporte un remplissage de briques avec des façades recouvertes de crépi qui ne laissent pas deviner la structure interne du bâtiment.

Beaucoup d'autres projets resteront dans les cartons tels le Palais de Marbre de 16 étages que le même Marc Spinnael avait conçu le long du boulevard Saint-Michel (1932), ou la tour de 35 étages que l'auteur du Torengebouw d'Anvers, Jan (Robert) Vanhoenacker, propose d'ériger en 1932 - déjà - face au Jardin Botanique.

Dans le domaine public, l'un des principaux programmes est l'Institut médical Bordet-Héger de Stanislas Jasinski et Gaston Brunfaut où la charpente en acier enrobée de béton permettra de récupérer une surface utile de 680 m² par rapport à une structure en béton armé équivalente (1934-1938).
Le plus célèbre bâtiment à ossature métallique apparente des années 1930 à Bruxelles est probablement le garage Citroën de la place Sainctelette réalisé par Alexis Dumont et Marcel Van Goethem en collaboration avec le service d'architecture Citroën et l'architecte français Maurice Ravazè (1933-1934). Couvrant un îlot entier, la plus grande station service d'Europe s'articule autour d'un vaste hall d'exposition formant une spectaculaire cage de fer et de verre qui se développait à l'origine sur 25 mètres de haut sans niveau intermédiaire.

Le béton armé, qui s'était propagé rapidement en Belgique en profitant notamment de l'installation du bureau Hennebique à Bruxelles, occupe désormais une place considérable dans la plupart des grands projets privés ou publics.

Le prototype de l'immeuble à appartements à ossature en béton est les Pavillons Français de la rue du Noyer dans le quartier du Cinquantenaire (1931 - 1934) qui, avec ses 15 étages culminant à 59 mètres de hauteur, occupe une place honorable dans le peloton de tête des gratte-ciel européens.

La maison individuelle, qui offrait un champ d'expériences techniques plus souples que les grands immeubles, servira souvent à explorer d'autres formules comme les voiles de béton armé auxquels Louis Herman De Koninck consacre une grande partie de ses recherches à partir de 1988.

La rivalité entre béton armé et ossature métallique se retrouve tout naturellement à l'Exposition Universelle de 1935.
Le Grand Palais ou Palais 5, conçu par Joseph Van Neck en collaboration de l'ingénieur Louis Baes pour accueillir une gare modèle, restera la principale halle bruxelloise en béton armé. Formée de douze arcs de 87 mètres de portée reposant sur des rotules métalliques, elle nécessite une mise en œuvre particulièrement complexe accompagnée d'une campagne photographique exceptionnelle qui en fera la principale attraction technologique de l'exposition.

Parmi les réalisations les plus remarquables, il faut encore citer les grandes salles de cinéma comme le Métropole de Adrien Blomme (1930) et l'Eldorado de Marcel Chabot (1933).

Si l'entre-deux-guerres voit la naissance des premières églises modernistes en béton armé avec Sainte-Suzanne à Schaerbeek de Jean Combaz (1925), Saint-Jean-Baptiste à Molenbeek-Saint-Jean de Joseph Diongre(1931) et Saint-Augustin à Forest de Léon Guianotte et André Watteyne (1936), on oublie parfois que ce même béton armé constitue aussi la base de nombreux édifices religieux d'apparence plus traditionnelle comme l'église Saint-Adrien à Ixelles de Auguste Vanden Nieuwenborg (1938) ou la basilique du Sacré Cœur à Koekelberg de l'architecte Albert Van Huffel (1926-1969).
 
D'après Eric Hennaut
Archives d'Architecture Moderne.